Mangez moins de sucre et plus de féculents ?

« Mangez moins de sucre et plus de fécu­lents », tel est en sub­stance le conseil nutri­tion­nel majeur cen­sé com­battre les troubles de san­té liés au syn­drome méta­bo­lique : l’insulinorésistance, l’inflammation sys­té­mique, la poly­ar­thrite rhu­ma­toïde et autres mala­dies auto-immunes, le dia­bète, le sur­poids et l’obésité, la dys­biose intes­ti­nale, l’hypertension, les mala­dies car­dio­vas­cu­laires, la dys­li­pi­dé­mie, de nom­breux cancers…

Ce conseil découle d’une forte méprise liée à une approche théo­rique, immuable pour tous, du méta­bo­lisme des sucres (sucre, fécu­lents, fruits…), alors que la réa­li­té méta­bo­lique nous démontre qu’il évo­lue irré­mé­dia­ble­ment en de nom­breux points avec l’âge.

« Mangez moins de sucre et plus de fécu­lents » est, en fait, un non-sens total qui relève d’une pen­sée fan­tas­ma­tique dont la science devrait se prémunir.

En véri­té, nous ne pou­vons pas man­ger moins de sucre en consom­mant plus de fécu­lents, car les fécu­lents sont essen­tiel­le­ment com­po­sés de sucre ! 

Manger plus de fécu­lents revient donc à man­ger plus de sucre !

L’amidon, appe­lé sucre com­plexe, for­te­ment pré­sent dans les fécu­lents n’est ni plus ni moins qu’un amal­game de pur glu­cose qui sera très faci­le­ment libé­ré lors de la digestion.

Les per­sonnes sujettes au syn­drome méta­bo­lique, qui prennent du poids faci­le­ment, ont déve­lop­pé une flore intes­ti­nale pro­pice à la diges­tion rapide et com­plète des sucres.

Les bac­té­ries de cette flore per­tur­bée sont com­pa­rables à une sur­po­pu­la­tion de spor­tifs de haut niveau, sur­en­traî­nés, une équipe d’élite cham­pionne du monde de la diges­tion des sucres, ou sem­blables à une arma­da d’ouvriers de qua­li­fi­ca­tion supé­rieure spé­cia­li­sés dans le déman­tè­le­ment de toutes sortes de chaînes en maillons distincts.

Oubliez donc l’Indice Glycémique des ali­ments qui n’est qu’un indice moyen, sou­vent très éloi­gné de la réa­li­té méta­bo­lique des per­sonnes dont la taille s’épaissit au moindre « écart » alimentaire.

Lorsque vous consom­mez des céréales, de la farine, du pain, des pâtes, du riz ou des pommes de terre, vous consom­mez du glu­cose en quan­ti­té, le même glu­cose que celui pré­sent dans le sucre de table.

Lorsque vous consom­mez des fruits, des jus de fruits ou des smoo­thies, vous consom­mez de toute façon du glu­cose et du fructose.

Glucose et fruc­tose en quan­ti­té, en rai­son du cumul des dif­fé­rents ali­ments consom­més riches en sucres, mènent irré­mé­dia­ble­ment au fil des années à la dys­biose intes­ti­nale et au syn­drome métabolique.

Tout ali­ment ingé­ré, char­gé en sucres com­plexes (ami­don et fibres), en sucres inter­mé­diaires (sucrose, lac­tose, mal­tose) et en sucres simples (glu­cose, fruc­tose, galac­tose), sera trai­té par notre sys­tème diges­tif. Au final, glu­cose, fruc­tose et galac­tose issus de la diges­tion seront ver­sés dans la cir­cu­la­tion san­guine. Mais avant cela, les dif­fé­rents sucres (fibres com­prises) auront nour­ri gras­se­ment les bac­té­ries intes­ti­nales, aux anges, dor­lo­tées dans un envi­ron­ne­ment aus­si favo­rable à leur déve­lop­pe­ment et à leur expres­sion agres­sive (enva­his­se­ment du ter­ri­toire, pro­duc­tion de toxines inflammatoires).

Tout se trans­forme rien ne disparaît !

Lorsque nous consom­mons 60 grammes de pain (soit ¼ de baguette), 1,7 gramme est du sucre, 30,4 grammes sont de l’amidon, donc éga­le­ment du sucre, et 2 grammes sont des fibres. Cela repré­sente un peu plus de 6 mor­ceaux de sucre, celui-là même que l’on vous demande de ne pas manger !

Si ce ¼ de baguette est consom­mé au petit déjeu­ner avec un peu de confi­ture et un jus de fruits, la fac­ture s’alourdit consi­dé­ra­ble­ment, c’est un véri­table rush de glu­cose et de fruc­tose qui va se déver­ser dans le sang et que l’organisme devra trai­ter de toute urgence.

Certains nutri­tion­nistes vous diront que du beurre et un pain riche en fibres ralen­tissent consi­dé­ra­ble­ment l’arrivée du sucre dans le sang… si seule­ment cela pou­vait être vrai… mais non, n’y comp­tez pas trop si votre flore intes­ti­nale vous pré­dis­pose à la prise de poids.

Consommer 55% de sa ration calo­rique jour­na­lière sous forme de sucres (sucre, fécu­lents, légumes et fruits), comme le conseillent les ins­tances médi­cales, pousse à consom­mer, pour une ration de 2500 calo­ries, 344 grammes de sucre, alors que simul­ta­né­ment il est recom­man­dé par les mêmes ins­tances de ne pas dépas­ser 5% de sa ration calo­rique sous forme de sucre, soit 31 grammes de sucre !

Demander de dimi­nuer sa consom­ma­tion de sucre alors qu’en même temps il est deman­dé d’augmenter la consom­ma­tion de fécu­lents qui apportent énor­mé­ment de sucre, n’a défi­ni­ti­ve­ment aucun sens !

Cette réflexion sur le sucre va inter­pe­ler beau­coup de lec­teurs, ce qui me semble tout à fait nor­mal. A ceux-là, je dirai que je com­prends fort bien le scep­ti­cisme que peut engen­drer ce genre de pro­pos et que cela est encou­ra­geant, car le scep­ti­cisme est le pre­mier pas vers la connais­sance. J’ai bien connu cela moi-même lorsque scep­tique, j’ai remis en ques­tion l’enseignement reçu en matière de nutrition.

Comme le disait Descartes : « Pour atteindre la véri­té, il faut une fois dans la vie se défaire de toutes les opi­nions qu’on a reçues, et recons­truire de nou­veau tout le sys­tème de ses connaissances ».

Bons sucres, peu de sucres !

27 octobre 2019 | Mes brèves