Les cétones, nouveau produit dopant des cyclistes du Tour de France ?
Certains cyclistes de la Grande Boucle se « doperaient » avec des boissons aux cétones qui amélioreraient les performances des athlètes. Des produits qui les rendraient plus légers, plus puissants, plus résistants. Alors, dopage, scandale, ou grand n’importe quoi ?
Eh bien, ne tergiversons pas (pour employer le vocabulaire usuel des commentateurs du Tour), c’est tout simplement du grand n’importe quoi : il ne peut, en aucun cas, s’agir de dopage.
Les boissons aux cétones sont un phénomène marketing aussi malin qu’inutile qui profite pour se développer de l’ignorance en nutrition et en biochimie de bon nombre de médecins, nutritionnistes et entraîneurs, formés en sous-main (à l’insu de leur plein gré !) par l’industrie agroalimentaire et pharmaceutique. Ce phénomène va inévitablement se propager des sportifs professionnels aux quidams, que ce soit les sportifs amateurs, ou les simples employés qui souhaitent doper leurs performances au travail, qu’elles soient physiques ou intellectuelles, car les cétones « dopent » avant tout les capacités cérébrales, fait parfaitement connu depuis le début du XXème siècle. Il y a beaucoup d’argent à gagner à rouler les gens dans la farine et à nourrir leurs illusions de compléments alimentaires ou de boissons onéreuses et cependant nettement moins efficaces que ce que propose la véritable nutrition.
Les cétones en question sont des molécules énergétiques produites gratuitement en masse, 24 heures sur 24, par n’importe quel organisme humain à partir des graisses de réserve et alimentaires lorsque celui-ci est orienté dans une voie métabolique spécifique en raison d’une alimentation très pauvre en sucres (glucides) : la cétogenèse. Un apport extérieur de cétones n’a d’intérêt que pour les fabricants de leurres idiots qui réussissent à berner les « mal informés » qui souhaitent apporter une source d’énergie supplémentaire à celle fournie par les sucres que les sportifs consomment en quantité ahurissante et qui interdit à l’organisme de produire lui-même cette énergie facile et utile, les cétones.
On « dopait » les sportifs aux sucres, on les « dope » désormais aux cétones. Il ne s’agit donc pas d’un véritable dopage puisque que le processus est strictement naturel. Cependant, l’idée contre nature d’un apport de cétones en plus des sucres représente une erreur stratégique. Voilà pourquoi :
Vous connaissiez le glucose, le fructose, vous connaissez désormais les cétones. Les cétones sont produites par l’organisme lorsqu’il est soumis à un régime pauvre en sucres, comme vous le savez désormais, lors des jeûnes, des régimes hypocaloriques, hyperprotéinés, mais aussi lors d’une alimentation riche en graisses. L’important est que l’organisme soit en pénurie de sucres, ce qui n’a aucune conséquence fâcheuse pour l’organisme car les quelques grammes de glucose indispensables à son fonctionnement normal (pour les globules rouges et certaines cellules spécialisées du cerveau) sont largement pourvus par un système métabolique particulier prévu à cet effet. La nature est bien faite, non ? Nous pouvons donc très bien vivre sans aucun sucre alimentaire et être pourvu d’une très grande énergie à long terme grâce aux graisses alimentaires, aux cétones et à une modeste mais suffisante élaboration de glucose.
Fonctionner aux sucres alimentaires n’est donc pas indispensable contrairement à ce que l’on dit trop souvent, c’est même préjudiciable tant ce fonctionnement encrasse les cellules, crée une faiblesse immunitaire et installe une inflammation pernicieuse et latente qui crée des dégâts à tous les étages de nos fonctionnements physiologiques et métaboliques.Pour avoir une réelle efficacité sur le plan sportif à long terme, mais aussi pour vous quidams et lecteurs, il convient que la formation de cétones provienne d’une alimentation pauvre en sucres (de 0 à 50 gr de sucres), modérée en protéines (environ 17% de l’apport calorique) et riche en graisses alimentaires (sauf huiles végétales polyinsaturées).
A ces conditions, l’organisme devient une formule1 après quelques semaines d’adaptation, ou de rééducation métabolique devrais-je dire ; il consomme ses graisses de réserve, d’où la perte de poids constatée ; il fabrique très facilement du muscle, d’où le gain de force et de puissance constaté ; il se régénère beaucoup mieux, d’où la disparition ou la nette amélioration des systèmes musculaires et tendineux ; et le cerveau se trouve boosté, libéré du glucose que l’on disait indispensable mais qui le perturbait au plus haut point (maladies neurodégénératives, perte de mémoire, dépression, violence, tendance suicidaire, etc.). On se rend compte ici qu’avec ce genre d’alimentation le véritable dopage peut vite devenir obsolète. Certains coureurs, comme Chris Froom, nutritionnistes et entraîneurs, ont commencé à utiliser cette technique alimentaire en baissant nettement les apports en sucres ; timidement, insuffisamment, mais progressivement depuis trois ans. L’avenir s’ouvre enfin à des performances saines et à une santé pérenne des athlètes.
Exemple d’un petit déjeuner de Chris Froom
(4 oeufs pochés, du saumon fumé et 1 avocat)
En l’état actuel des choses et de la désinformation généralisée depuis des décennies, la grande majorité des athlètes du Tour de France continuent à se gorger de sucres ; pour les athlètes « sucrés », prendre des cétones n’aura que très peu d’effets positifs car la priorité métabolique revient aux sucres qui représentent une urgence absolue pour l’organisme tant ils sont corrosifs pour nos artères et nos cellules (seul l’alcool est prioritaire par rapport aux sucres). Les cétones seront utilisées en seconde source d’énergie lorsque le taux glycémique sera suffisamment bas. Les cétones n’auront donc que très peu d’effet « dopant » car un organisme rompu toute sa vie à l’exploitation des sucres n’exploite que très mal les autres sources d’énergie. D’où les coups de fringale.
Mes conseils : que ce soit pour le sport, pour la perte de poids ou la santé, une alimentation pauvre en sucres, modérée en protéines et riche en graisses n’a que des effets positifs. Pourquoi ?
Parce que c’est avec ce genre d’alimentation que notre génétique a été conçue au fil du temps. L’homme a connu des millénaires de glaciation, de disettes sévères ou de famines tragiques, la cétogenèse est donc un formidable fonctionnement métabolique lié à l’évolution de l’humanité qui ne consommait que très peu de sucres comparativement aux graisses. Lorsque nos ancêtres chassaient, c’était en vue d’une alimentation grasse, dense en nutriments. Les sodas, les pâtes et les barres de céréales ne sont apparus que bien plus tard ! L’homme a 3 millions d’années, et il se gave de sucres depuis peu. L’agriculture n’a que 10 000 ans et elle n’a pu satisfaire l’homme qui a longtemps continué à privilégier la viande grasse comme source d’énergie principale. C’est à partir des années 1950 – 70 que les experts en nutrition ont conseillé à la population de se nourrir de 55 à 60% de l’apport calorique sous forme de sucres ! Une non-science criminelle ! Ce qui a été bon pour l’humanité durant plus de 99,99% de son histoire est devenu mauvais depuis 60 ans… et revient étrangement aujourd’hui comme un phénomène nouveau de dopage ! Cro-Magnon se marre !
Lorsque je lis le nutritionniste du champion Romain Bardet affirmer : « La privation chronique de glucides relève de la maltraitance. Elle entraîne des problèmes immunitaires, inflammatoires et affecte les fonctions cérébrales », je me dis qu’il est exactement à l’opposé de la vérité, et que les lobbies du sucre, des céréales et des huiles ont bien fait leur boulot. Pathétique !
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