Cancer de la prostate : nettoyer la bouche, et baisser la consommation de sucres !
Source : https://euoncology.europeanurology.com/article/S2588-9311(22)00056-6/fulltext#%20
Article :
Date de parution : 26.04.2022
Niveau de difficulté : Difficile
Une étude publiée le 18 avril 2022, établit le lien entre la présence de certaines bactéries dans la flore prostatique et urinaire, et le cancer de la prostate (250 000 décès par an dans le monde), ce qui confirme ce que nous connaissons bien en santé intégrative, et corrobore notre pratique visant à corriger les microbiotes pathogènes.
Chaque organe, chaque fluide du corps humain possède une flore particulière, aucun lieu n’est stérile, y compris l’estomac avec son milieu acide, le cerveau et le liquide cérébrospinal.
C’est de la qualité de cette flore, de sa richesse et de son équilibre que dépend l’intégrité de nos tissus et humeurs.
Pour bien comprendre :
Une flore riche est une flore équilibrée, variée, dotée de nombreuses familles de bactéries, dont aucune n’a pris le pas sur les autres.
Une flore pauvre est une flore déséquilibrée, qui a perdu de sa variété en raison de la prise de pouvoir (pullulation bactérienne) d’une famille majeure.
Mais, la flore est à la fois virale et bactérienne, et si certaines bactéries sont à raison fortement soupçonnées d’être responsables de nombreuses maladies chroniques, la causalité relative au virus est, quant à elle, trop souvent négligée.
Digression à titre d’exemple :
Durant trois décennies, Helicobacter pylori a été jugé responsable du cancer de l’estomac et éradiqué à coups de fortes antibiothérapies, pour un résultat fort décevant. Aujourd’hui, le véritable fautif est enfin désigné : EBV, un grand méchant de la famille des Herpès virus qui infecte 95% de la population, impliqué dans de nombreux autres cancers. Helicobacter pylori est en réalité un facteur aggravant en cas de très forte présence, par une puissante synergie inflammatoire, mais pas la cause première.
La nocivité d’une bactérie est strictement dépendante du nombre de sa population. La démesure est toujours inflammatoire.
Certaines flores s’opposent les unes aux autres, et s’opposent donc aux possibles maladies induites. Helicobacter pylori s’oppose à la maladie de Crohn et à la sclérose en plaque. Eradiquer totalement cette bactérie présente dans une flore normale, riche et diversifiée, aboutit inéluctablement à appauvrir cette flore, à laisser libre cours à l’expansion d’une flore concurrente (Acinetobacter), et à augmenter le risque de développer ces maladies.
Helicobacter pylori a en réalité une utilité au sein d’une flore riche, sans risque de nuisance tant que sa population reste sous le contrôle d’un microbiote équilibré.
Lorsque qu’Helicobacter pylori est détruit, Akkermensia, marqueur imparable d’un flore riche et témoin fidèle d’une bonne autophagie, disparaît.
Helicobacter pylori, lorsqu’il est modéré, au sein d’une flore riche, entretient l’immunité innée et une bonne production d’interféron-gamma, notamment par les Natural killer.
L’interféron-gamma est antiviral et anti-tumoral.
Le problème survient lors de l’installation d’une flore pauvre, inflammatoire, et d’un mauvais contrôle d’EBV, plus fort qu’Helicobacter pylori et immunosuppresseur.
Appauvrir une flore, c’est réduire dramatiquement l’autophagie, et retirer aux cellules la capacité de se débarrasser des éléments toxiques et mutagènes.
La candidose est un marqueur de dysbiose (flore pauvre) et de manque d’autophagie.
Appauvrir une flore est interdit, une flore s’enrichit !
Certaines bactéries nocives de la bouche sont bien identifiées et corrélées à des maladies précises :
- Aggregatibacter actinomycetemcomitans dans la polyarthrite.
- Malassezia furfur dans la maladie de Parkinson.
- Fusobacterium dans le cancer du colon droit.
Le terrain viral, notamment les Herpès virus, ayant également une forte influence néfaste.
Certaines associations de malfaiteurs autres que EBV et Helicobacter pylori, sont bien connues, comme :
- CMV et Mycobacterium dans la maladie de Crohn.
- HSV‑1 (herpès labial) et Propionibacterium acnes dans les spondylarthrites.
- HPV (papillomavirus) et Fusobacterium associé à Gardnerella (Actinobacteria) dans le cancer du col de l’utérus.
Ce qu’il faut retenir : les virus sont de véritables gangsters, les bactéries sont leurs complices inflammatoires, chose négligée dans l’étude citée ici, et que les bactéries nocives ne se développent qu’à la condition d’une flore concurrentielle amoindrie, donc d’une flore pauvre.
Dans le cancer de la prostate, le grand coupable est HPV, 74% des cas, et HPV n’a cette puissance d’action que lorsque le terrain immunitaire a été préalablement préparé par… EBV ! Et plus encore si CMV, autre grand méchant de la famille des Herpès virus, et présent également.
EBV et CMV sont de grands immunosuppresseurs.
Les gangsters étant identifiés : les Herpès virus et HPV, quels sont leurs complices ?
L’étude qui nous intéresse les cite nommément, ce sont des bactéries anaérobies (qui n’aiment pas l’oxygène), cette distinction est capitale, comme Porphyromonas, Propionibacterium acnes ou encore Fusobacterium, des bactéries bien connues. La bactérie Desulfovibrio, très souvent associée à ces bactéries et redoutable découpeuse de tissus, n’est pas cité dans l’étude, qui en annonce d’autres tels que Varibaculum, Peptoniphilus, et Fenollaria, bactéries moins connues individuellement, mais membres de familles parfaitement connues : Actinobacteria et Clostridium (Firmicutes).
Ces bactéries anaérobies ne s’attaquent pas uniquement à la prostate, elles sont très largement impliquées dans l’endométriose, le cancer des ovaires, ou la cystite.
Elles évoluent souvent au sein d’une flore Prevotella dominante, ce qui aboutit à une forte abrasion, et à une destruction des tissus corrélée aux maladies parodontales et à la rectocolite hémorragique.
L’étude n’informe ni sur la provenance de ces bactéries et leur migration jusqu’à la prostate ni ne donne des moyens d’action à leur encontre.
Voici une approche intégrative de la santé :
Les bactéries font partie de notre environnement global. La part alimentaire est importante, et nous ne pouvons les éviter. Elles sont mêmes indispensables à notre métabolisme, et c’est pour cela qu’elles font partie de notre microbiote qui, s’il est équilibré, veille lui-même à ce que le nombre de certaines bactéries ne devienne problématique, étant aidé dans cette gestion par notre système immunitaire intestinal, efficace, doté de nombreux IgA sécrétoires.
La bouche est la porte d’entrée, les bactéries s’y installent et créent une flore locale.
La flore haute (ORL) doit être essentiellement aérobie (qui aime l’oxygène), contrairement à la flore basse (colon) qui doit être essentiellement anaérobie.
Lorsque trop de bactéries anaérobie s’installent dans les muqueuses de la sphère ORL, et notamment dans la bouche et les glandes salivaires, c’est-à-dire une flore Prevotella associée à Porphyromonas, Propionibactérium acnes, et autres copains du genre Fusobacterium et Desulfovibrio, les problèmes commencent : acné, caries, gencives sanguinolentes, qui se rétractent, et la maladie parodontale, sont de la partie.
Cette flore mangeuse de chair est une flore anti-NO (NO = oxyde nitrique), qui nous prive de ce précieux gaz à la fonction fortement antivirale, phénomène largement confirmé par les études récentes, notamment israéliennes et britanniques, faites sur le Sars-Cov‑2 traité par oxyde nitrique.
Lorsque la flore buccale ne produit pas suffisamment de NO à partir des nitrates et nitrites apportés par la salive, les virus passent, Sars-Cov‑2 aujourd’hui, mais les virus de la famille des Herpès virus depuis toujours.
Rappelons au passage que le Sars-Cov‑2, fortement neurotrope, réactive les autres virus neurotropes déjà présents que sont les virus de la famille des Herpès virus.
Le NO est notre super agent antiviral chargé de détruire totalement les virus entrant par la bouche et le nez, ou au pire de réduire fortement la charge virale, afin de soulager le système immunitaire inné dans le cas d’un premier contact, puis le système immunitaire adaptatif.
Sans NO, ou avec un NO insuffisant, la porte d’entrée est grande ouverte pour les gangsters et leurs complices, qui ne se privent pas de faire ce pour quoi ils sont génétiquement programmés : envahir le territoire.
Lorsque des bactéries nocives parviennent dans le tube digestif, les sels biliaires ont parmi leurs fonctions, celle de leur faire barrage. Cela, bien sûr dans le cadre d’un métabolisme sain, non perturbé par une alimentation inadaptée.
En raison d’une alimentation moderne riche en sucres (céréales, farines, légumineuses, fructose), les bactéries anaérobies sont largement nourries, pullulent jusqu’à la dysbiose, envahissent le tube digestif, induisent une inflammation chronique, des troubles immunitaires, et vont de leur nid douillet, migrer vers d’autres territoires, installant une pernicieuse inflammation systémique.
L’inflammation est une bénédiction pour les virus et leur réactivation.
Cette flore anaérobie excessive va avoir pour effet de transformer (déconjuguer) les sels biliaires dits « primaires » (bénéfiques) en sels biliaires dits « secondaires », qui n’auront plus cet effet protecteur, mais au contraire deviendront des transporteurs de bactéries nocives.
Produits en trop grande quantité, ces sels biliaires « secondaires » ne seront pas suffisamment réabsorbés au niveau de l’iléon, et seront le cheval de Trois qui fera pénétrer les bactéries nocives dans le colon.
C’est ainsi que le Fusobacterium de la bouche arrive dans le colon droit et augmente le risque de cancer.
C’est ainsi qu’une flore pathogène haute arrive dans la flore basse, puis migre vers d’autres lieux : prostate, ovaires, utérus, etc., et y crée une inflammation qui va réactiver les virus présents.
Les gangsters voient leurs complices livrés à domicile.
La flore de la bouche ne doit jamais arriver dans le colon !
Lors d’une dysbiose, pullulation de la flore de fermentation (flore pauvre), les bactéries qui ont envahi le territoire vont « déconjuguer » les sels biliaires primaires en sels biliaires secondaires beaucoup trop tôt et en trop grande quantité, parfois même dès le duodénum en raison d’une présence de la flore buccale anaérobie qui « déconjugue » fortement.
Pire encore, par reflux duodéno-biliaire (fait courant dans les dysbioses avec atteinte du nerf vague), les bactéries vont « déconjuguer » les sels biliaires primaires dès la vésicule biliaire, un processus catastrophique qui aboutit à une trop faible livraison dans le duodénum de sels biliaires primaires indispensables à une bonne digestion. Les sels biliaires secondaires, fortement abrasifs sont responsables de la lithiase biliaire et la formation de calculs.
Dans ce cas, prendre des probiotiques est totalement contre-indiqué, fortement nuisible par appauvrissement de la flore. En effet, les bactéries Lactobacillus et Bifidobacterium « déconjuguent » les sels biliaires dès le jéjunum, ce qui aggrave la situation !
Le fructose est connu pour être un sucre favorisant l’endométriose, les cystites, et l’épaississement de la muqueuse de la prostate. Cependant, les autres sucres ont également une grande responsabilité.
En effet, la fermentation des sucres induit une production de céramides circulantes (graisses inflammatoires), dès l’estomac (!), qui vont être absorbées par les muqueuses, entrer dans la circulation sanguine, se déposer dans les organes (prostate, utérus, ovaires, peau, cerveau, etc.), et y créer des réactions immunitaires inflammatoires.
Les céramides nourrissent les bactéries qui s’en délectent et s’en recouvrent comme une armure protectrice, rendant difficile leur détection et l’action des différents acteurs immunitaires.
Les virus, eux, se servent des céramides pour s’arrimer aux récepteurs des cellules, et se servent d’autres céramides une fois à l’intérieur, pour se répliquer.
Trop de sucres = trop de céramides = trop d’inflammation.
Concernant la prostate, il est impératif de lutter contre les virus et d’en garder le contrôle total, de réduire drastiquement les sucres afin de corriger la dysbiose induite et de réduire la production de sels biliaires secondaires, et de nettoyer la bouche des bactéries anaérobies.
Il convient de briser la synergie inflammatoire. En corrigeant la dysbiose, c’est-à-dire en réduisant la pullulation bactérienne et l’inflammation induite, on réduit la réactivation virale, et on récupère de la puissance immunitaire.
Une flore buccale saine, riche d’une flore aérobie, produit naturellement de l’eau oxygénée qui protège le milieu ambiant, et entretient un biofilm producteur de NO.
Nettoyer la bouche d’une flore anaérobie trop présente (visible à la lampe de Wood. Lampe de Wood + lumière bleue pour Fusobacterium), est un moyen prophylactique indispensable pour se débarrasser, ou du moins fortement diminuer, la source de bactéries pathogènes.
Il convient de faire un bain de bouche le soir avant le coucher avec une petite quantité d’eau et d’eau oxygénée (50/50), de cracher et de ne pas rincer.
Ne jamais utiliser de solution antiseptique classique qui détruit l’ensemble de la flore !
On ne détruit pas une flore, on baisse la mauvaise flore et on apporte une flore concurrente.
Les bactéries concurrentes de Prevotella et de ses associés anaérobies destructeurs, sont des bactéries apportées par la flore tellurique des végétaux à feuilles vertes d’une manière générale, l’ortie et le chénopode étant de parfaits exemples. Leur biote est riche en bactéries aérobies dotées de bon phages (virus bactériophages) qui lutteront contre les mauvaises bactéries et leurs mauvais phages, en plus de stimuler de système immunitaire.
De belles études démontrent que Methylobacter et Lysobacter des plantes à feuilles vertes s’opposent à Propionibacterium acnes et Mycobacterium.
L’antibiothérapie du futur (proche) sera non pas une antibiothérapie qui détruit de manière large et problématique, mais une antibiothérapie qui cible les mauvaises bactéries avec de bons phages.
Bonne flore buccale, bonne prostate, bon endomètre !
https://euoncology.europeanurology.com/article/S2588-9311(22)00056 – 6/fulltext#%20
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17296235/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6024931/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27242240/