La cranberry : un atout de longévité.

La can­ne­berge (cran­ber­ry), cette airelle rouge d’Amérique du Nord connue jusqu’alors pour ses (éven­tuels) ver­tus pro­tec­trices du sys­tème uri­naire, est donc subi­te­ment pro­mue à coups de titres élo­quents, au rang des pro­duits miracles.

Je suis abso­lu­ment ravi d’apprendre que toutes ces petites mouches qui volent et vire­voltent gaie­ment dans les cui­sines autour des paniers de fruits, puissent se délec­ter plus long­temps encore du suc de leurs ali­ments pri­vi­lé­giés, dès lors que nous pen­sons à leur dépo­ser une petite bar­quette de can­ne­berges (et à reti­rer le ruban anti-mouches ou autre piège !).

Mais rede­ve­nons sérieux : la ques­tion est bien évi­dem­ment de savoir si cette obser­va­tion est valable pour l’homme, ce mam­mi­fère dont le méta­bo­lisme n’a stric­te­ment rien à voir avec celui d’un diptère (à l’exception de Jeff Goldblum dans le film « La mouche » !). Et dans l’affirmative, à comp­ter de quelle dose quo­ti­dienne la can­ne­berge serait-elle sus­cep­tible de pro­lon­ger l’espérance de vie d’un gros ani­mal tel que l’homme : un, deux, trois kilos de fruits ? Il y a fort à parier, qu’à dose mira­cu­leuse (sûre­ment éle­vée), la can­ne­berge crée des troubles diges­tifs délétères.

Canneberge, source de Jouvence ? Rien n’est moins sûr ! Nous pou­vons juste être cer­tains des bien­faits anti­oxy­dants des baies – can­ne­berges, myr­tilles, mûres, cas­sis, fram­boises – grâce aux fla­vo­noïdes qu’elles contiennent, ce qui est déjà fort bien.

L’effet béné­fique de la can­ne­berge sur la mouche pro­vient de la richesse de la baie en anti­oxy­dants. Certes, nous tirons nous aus­si un effet sub­stan­tiel des anti­oxy­dants exo­gènes, mais sachez que le roi des anti­oxy­dants, celui qui est indis­pen­sable à la vie de l’homme, celui qui en fonc­tion de sa pré­sence, ou de sa carence, ralen­tit ou accé­lère le pro­ces­sus de vieillis­se­ment cel­lu­laire, est endo­gène, syn­thé­ti­sé par l’organisme humain lui-même. Ce très puis­sant anti­oxy­dant est le glu­ta­thion.

Si vous sou­hai­tez vivre le plus long­temps pos­sible, il est impé­ra­tif de four­nir à l’organisme ce dont il a besoin pour la syn­thèse de ce maître anti­oxy­dant (notam­ment des pro­téines), lui appor­ter ses col­la­bo­ra­teurs favo­ris (Vit C, Vit E, sélé­nium), et évi­ter ce qui entrave sa pro­duc­tion ou l’use pré­ma­tu­ré­ment (excès chro­nique de stress, abus répé­tés de pra­tiques spor­tives, dia­bète, infec­tions endé­miques, alcool, tabac, métaux lourds et autres pro­duits toxiques, médi­ca­ments, et acides gras oxydés).

L’homme se plaît à croire au Père Noël, à la magie, aux miracles, aux contes de fées, à tout ce qui pour­rait rendre sa vie meilleure sans trop se fati­guer, ni se pri­ver. Il tente de se ras­su­rer avec des élé­ments exté­rieurs alors que le véri­table pro­dige est en lui. Restons réa­listes, un seul ali­ment ne peut allon­ger la vie ou contre­car­rer tout ce qui pour­rait la rac­cour­cir. Pour vivre long­temps il convient de s’alimenter sai­ne­ment, d’être phy­si­que­ment actif, de ne pas fumer, de boire modé­ré­ment, et d’éviter tant que pos­sible la pol­lu­tion envi­ron­ne­men­tale. La seule cer­ti­tude qui res­sort de cette expé­rience est que la vie finan­cière des firmes qui pro­duisent des gélules, des com­pri­més, ou des ampoules riches en extraits de can­ne­berge va s’améliorer, car avant que l’homme allonge sa vie d’une seule et hypo­thé­tique minute, il lui fau­dra sacri­fier son porte-monnaie, et ampu­ter gra­ve­ment son budget.