Sucres ou pas de sucres, telle est la question !

Nous sommes édu­qués à croire que notre orga­nisme est dépen­dant du sucre (glu­cose) pour four­nir l’énergie dont nous avons besoin pour vivre, et qu’à ce titre il est notre car­bu­rant pri­maire qu’il convient de se pro­cu­rer en consom­mant de manière très régu­lière divers sucres, sources de glucose.

Cependant, rien n’est plus éloi­gné de la véri­té que cette croyance !

Au début du XXème siècle, de nom­breux scien­ti­fiques étaient à la science des lipides ce qu’Einstein était à la science phy­sique : une source de véri­tés universelles.

Ces cer­veaux intel­li­gents et per­ti­nents savaient que les graisses ali­men­taires et le cho­les­té­rol étaient, sans l’ombre d’un doute, indis­pen­sables à notre phy­sio­lo­gie et que l’avènement extra­or­di­naire des sucres dans l’alimentation allait vite deve­nir un pro­blème majeur de san­té publique.

Il faut recon­naître que l’extraordinaire effort de dés­in­for­ma­tion opé­ré par l’industrie agro-alimentaire (sucre, céréales et huiles végé­tales) a par­fai­te­ment fonc­tion­né puisqu’aujourd’hui, tout le monde (ou presque) est per­sua­dé que les sucres sont vitaux et les graisses ali­men­taires meurtrières.

La nature sait que le sucre au-delà de 4 à 5 grammes pour nos 5 litres de sang devient toxique pour nos cel­lules, et a pré­vu une hor­mone suf­fi­sam­ment puis­sante, l’insuline, pour extraire rapi­de­ment et sans faille le sucre sérique excé­den­taire, et l’orienter vers les cel­lules mus­cu­laires afin de ser­vir de source d’énergie, et simul­ta­né­ment pour une plus grande effi­ca­ci­té, vers les cel­lules grais­seuses afin d’y être conver­ti en graisse et stocké.

Lorsque nous consom­mons des sucres (sucre, céréales, légu­mi­neuses, légumes-racines), la gly­cé­mie aug­mente et l’insuline agit ins­tan­ta­né­ment afin de régu­ler le taux de sucre san­guin avant que les dom­mages cel­lu­laires surviennent.

Par pré­cau­tion, l’organisme a éga­le­ment pré­vu qu’une fois le taux d’in­su­line éle­vé au-delà d’un cer­tain seuil, signe d’une régu­la­tion de la gly­cé­mie, seul le sucre ne pou­vait être uti­li­sé comme source d’énergie par nos cel­lules mus­cu­laires, met­tant les graisses hors d’utilisation.

Sous l’effet de l’insuline, l’organisme devient une machine à brû­ler (éli­mi­ner) le sucre, ou le sto­cker, afin de l’empêcher de nuire.

Cette dévia­tion du sucre vers nos muscles, et son sto­ckage sous forme de graisse dans les adi­po­cytes, est donc une urgence méta­bo­lique, et en aucun cas une préférence.

Lorsqu’à un repas de Noël une per­sonne s’entaille sévè­re­ment la main en ouvrant une huitre, il est pré­fé­rable de l’emmener à l’hôpital afin de rece­voir le trai­te­ment néces­saire et d’éventuels points de sutures, afin d’éviter toute infec­tion, c’est une urgence médicale.

Il ne vien­drait à l’idée de per­sonne de dire alors que l’intéressé pré­fère aller à l’hôpital plu­tôt que de réveillonner.

La même dif­fé­rence entre urgence et pré­fé­rence s’applique aux sucres. Les sucres en quan­ti­té blessent l’organisme.

Malheureusement, il y a confu­sion dans l’esprit des thé­ra­peutes qui pensent que l’utilisation du sucre par nos cel­lules est la marque de leur préférence.

En temps nor­mal, lors d’une gly­cé­mie nor­male, l’organisme au fonc­tion­ne­ment méta­bo­lique non per­tur­bé par les sucres pri­vi­lé­gie allé­gre­ment, à hau­teur de 70%, les graisses ali­men­taires et cor­po­relles comme source d’énergie, un car­bu­rant propre et beau­coup plus éner­gé­tique que le glu­cose (au piètre ren­de­ment), qui au-delà de 5 grammes dans notre volume san­guin induit une cara­mé­li­sa­tion des cel­lules (gly­ca­tion), un encras­se­ment contre lequel nos sys­tèmes de défense se trouvent assez vite dépassés.

Le glu­cose est donc en réa­li­té un car­bu­rant très mino­ri­taire au sein de l’organisme humain. Il reste cepen­dant néces­saire aux glo­bules rouges qui ne sont pas équi­pés sur le plan méta­bo­lique pour uti­li­ser les graisses alimentaires.

Le cer­veau n’utilise que très peu les graisses comme source d’énergie, et uti­lise avec bon­heur un autre car­bu­rant pro­duit par le foie à condi­tion que les sucres ali­men­taires soient très bas : les cétones (ou corps céto­niques), à hau­teur de 75% de ses besoins éner­gé­tiques. Le sucre ne lui étant indis­pen­sable qu’à hau­teur des 25% restants.

La nature a donc pré­vu un pro­ces­sus habile, la céto­ge­nèse, pour four­nir au cer­veau les corps céto­niques comme source d’énergie, qu’elle sait avan­ta­geuse com­pa­ra­ti­ve­ment à celle du sucre en masse. Les autres organes, comme les muscles, le cœur ou les reins, pou­vant éga­le­ment uti­li­ser ce car­bu­rant fabri­qué en interne.

La nature a éga­le­ment pré­vu un autre pro­ces­sus ingé­nieux afin de pro­cu­rer à l’organisme les quelques grammes de sucre néces­saire au cer­veau, aux glo­bules rouges, et à une gly­cé­mie constante : la glu­co­néo­ge­nèse, c’est-à-dire la fabri­ca­tion de sucre sans avoir besoin d’aucun apport de sucres alimentaires.

Ce pro­ces­sus qui nous rend tota­le­ment indé­pen­dant des sucres ali­men­taires a per­mis au cer­veau humain de conti­nuer son évo­lu­tion tout au long des mil­lé­naires de gla­cia­tion durant les­quels l’homme n’avait pas accès (ou très peu) aux végé­taux et donc aux sucres.

Le sucre ne rend pas le cer­veau plus per­for­mant, ou plus intel­li­gent. Au contraire, les corps céto­niques per­mettent un meilleur fonc­tion­ne­ment céré­bral, une meilleure orga­ni­sa­tion synap­tique, une meilleure régé­né­ra­tion ain­si qu’une moindre toxi­ci­té qu’avec un fonc­tion­ne­ment dépen­dant du méta­bo­lisme du glucose.

Les cétones sont néces­saires au déve­lop­pe­ment du cer­veau des fœtus, voi­là pour­quoi la nature a pré­vu ce mode de fonc­tion­ne­ment méta­bo­lique dès la vie intra-utérine et durant les pre­miers stades de déve­lop­pe­ment des bébés.

Cétones et gly­cé­rols sont lar­ge­ment pré­sents dans le plas­ma et le pla­cen­ta, ce qui prouve que le sucre n’est pas notre car­bu­rant pri­maire et que la nature a pré­fé­ré d’autre sub­strats éner­gé­tiques pour la crois­sance des nouveaux-nés.

Les pre­miers laits des mères sont très riches en graisses, et le sucre pré­sent se trouve sous une forme com­bi­née, et non libre, le lac­tose. Après diges­tion du lait, les bébés retournent très vite à un fonc­tion­ne­ment cétogène.

La nature ne se trompe pas, riche de mil­liards d’années d’expérience, elle ne nous a pas ren­dus dépen­dants des sucres ali­men­taires, mais des graisses.

Qui peut mettre en doute les choix de la nature à part la pseu­dos­cience orien­tée par des lob­bies vénaux ?

Après la seconde guerre mon­diale, la pseu­dos­cience, bien plus dotée finan­ciè­re­ment que la science, a per­sua­dé public et ins­tances médi­cales que les sucres étaient vitaux, pour mieux vendre leurs pro­duits bour­rés de sucres en tous genres.

Aujourd’hui, les mala­dies auto-immunes, chro­niques, et dégé­né­ra­tives explosent. Le sur­poids et l’obésité, le dia­bète, et les mala­dies cardio-vasculaires dépassent les sta­tis­tiques les plus pessimistes.

Mais rassurons-nous, la méde­cine cura­tive sait nous faire sur­vivre long­temps malades !

Nous vivons dans un monde de consti­pés, au ventre gon­flé de gaz. Les pets font rire, même à la télé­vi­sion. Les bal­lon­ne­ments, les dou­leurs, les diar­rhées et autres incon­forts diges­tifs sont accep­tés comme des fatalités.

Les dys­bioses épargnent peu de monde au-delà de la cin­quan­taine, et la pul­lu­la­tion bac­té­rienne de la flore de fer­men­ta­tion n’existe qu’en rai­son d’une trop grande consom­ma­tion de sucres (fibres comprises).

Alors, sucres ou pas sucres ?

Ma réponse ne va pas vers l’extrémisme ou l’idéologie, mais vers la science et la rai­son, et elle est celle-ci : peu de sucres !

Conservons les sucres plai­sirs à l’occasion, les sucres utiles, comme les agrumes pour la vita­mine C, mais sûre­ment pas les sucres éner­gé­tiques, et les sucres en masse comme le pré­co­nisent les ins­tances nutri­tion­nelles en vigueur avec 55 à 60% de notre apport calorique.

Les sucres à chaque repas et entre les repas nous décon­nectent de nos fonc­tions phy­sio­lo­giques pri­maires, la glu­co­néo­ge­nèse et la céto­ge­nèse. Il est impor­tant pour nous défaire des maux des temps modernes de renouer avec ce que nous sommes par essence, des êtres vivant mieux avec peu de sucres qu’avec beau­coup de sucres.

Bonne san­té ne rime pas avec sucré !

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/4915800

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11482735

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK209323/

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15294056

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5689017/

https://link.springer.com/article/10.1385/ENDO:19:1:43

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27070784

30 septembre 2019 | Mes brèves