Diabète : viandes et produits laitiers augmentent le risque.

Source : sciencesetavenir.nouvelobs.com

Article : Diabète : viandes et produits laitiers augmentent le risque

Date de parution : 25.11.2013

Niveau de difficulté : Moyen

Mes petites leçons, pour mieux com­prendre le décryp­tage : InsulineSucres rapides-Sucres lents, Diabète.

http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/sante/20131114.OBS5431/diabete-viande-et-fromages-augmentent-le-risque.html

De nom­breux maga­zines, à l’image ici de sciencesetavenir.nouvelobs.com, relaient sous forme d’article au titre raco­leur, cette infor­ma­tion qui sied à leur quête de « sen­sa­tions ven­deuses », tirée d’une étude fran­çaise publiée dans Diabetologia, site Internet de publi­ca­tion de recherches cli­niques et expé­ri­men­tales de l’Association euro­péenne pour l’é­tude du dia­bète (EASD).

Cette étude : « Dietary acid load and risk of type 2 dia­betes ; Guy Fagherazzi & Alice Vilier & Fabrice Bonnet & Martin Lajous & Beverley Balkau & Marie-Christine Boutron-Ruault & Françoise Clavel-Chapelo (11 November 2013) », avait pour but d’évaluer la rela­tion entre la charge acide liée à l’alimentation et le dia­bète de type II.

Sur 66485 femmes dont l’apport ali­men­taire a été sui­vi durant 14 années, 1372 ont déve­lop­pé un dia­bète de type II. De cette étude résulte l’observation sui­vante : les femmes ayant une ali­men­ta­tion à fort poten­tiel d’acidité, à savoir une ali­men­ta­tion riche en pro­téines ani­males issues des viandes et des pro­duits lai­tiers (fro­mages en par­ti­cu­lier), auraient un risque plus éle­vé de déve­lop­per un dia­bète de type II, que les femmes ayant un régime ali­men­taire moins acidifiant.

La charge acide de l’alimentation étant essen­tiel­le­ment liée, selon les auteurs de l’étude, à une consom­ma­tion éle­vée de viandes et de pro­duits lai­tiers, il est dès lors facile de dési­gner ces ali­ments comme pré­cur­seurs de diabète.

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Mais soyons clairs, rien n’est moins scien­ti­fique que des déduc­tions hâtives faites après une simple obser­va­tion (aus­si com­plexes que soient les élé­ments obser­vés). D’autant que les femmes qui avaient une ali­men­ta­tion « acide » et qui avaient déve­lop­pé un dia­bète étaient celles qui pra­ti­quaient le moins d’activités phy­siques, qui avaient une his­toire fami­liale liée au dia­bète, et dont cer­taines souf­fraient d’hypercholestérolémie. Cette étude n’a donc tenu compte d’aucun para­mètre médi­cal scien­ti­fique qui aurait pu faire sus­pec­ter une pré­dis­po­si­tion de cer­tains indi­vi­dus au déve­lop­pe­ment du dia­bète, et s’est tenue exclu­si­ve­ment à l’observation d’une comp­ta­bi­li­té pré­cise des ali­ments ingé­rés qui pou­vaient indi­quer une charge acide éle­vée. Ayant per­son­nel­le­ment consta­té à maintes reprises la dif­fi­cul­té à recueillir des infor­ma­tions fiables sur l’ingestion ali­men­taire réelle, non men­son­gère ni fan­tas­mée, d’une seule per­sonne sur une durée de deux semaines, pour chaque repas effec­tué, je me per­mets d’émettre quelques réserves sur la cré­di­bi­li­té des don­nées recueillies concer­nant plu­sieurs dizaines de mil­liers de femmes sur une durée de 14 ans.

Je trouve donc les conclu­sions de cette étude quelque peu hasar­deuses, et même contre-productives et dan­ge­reuses, voi­ci pourquoi :

Premièrement : bien d’autres fac­teurs plus impor­tants que l’alimentation peuvent induire une aci­dose méta­bo­lique chro­nique (charge acide éle­vée, ou trouble de l’é­qui­libre acido-basique), notam­ment des défaillances des sys­tèmes res­pi­ra­toire, diges­tif et rénal, grands régu­la­teurs d’acidité. Mère nature, bien­veillante, ne nous a pas lais­sé dépour­vus face à une accu­mu­la­tion d’acides résul­tant des réac­tions méta­bo­liques. Chez les per­sonnes en bonne san­té et actives phy­si­que­ment, de puis­sants sys­tèmes tam­pons, que je ne détaille­rai pas ici, veillent au res­pect de l’équilibre acido-basique de l’organisme.

Deuxièmement : si l’on ajou­tait cette étude-ci aux études anthro­po­lo­giques sérieuses faites par de grands scien­ti­fiques, nous pour­rions conclure aisé­ment que tous nos ancêtres chasseurs-cueilleurs qui consom­maient bien plus de viande que de baies finis­saient dia­bé­tiques, que les membres des nom­breuses peu­plades afri­caines qui se nour­rissent exclu­si­ve­ment de viande et de lait depuis des mil­lé­naire ne pré­sentent pas les mala­dies dégé­né­ra­tives ren­con­trées chez les occi­den­taux (dia­bètes, car­ries den­taire, syn­drome méta­bo­lique..) par le fait du Saint-Esprit, tout comme les popu­la­tions vivant dans des contrées au cli­mat froid et sté­riles pour qui les pro­duits ani­maux consti­tuent la base de leur alimentation.

Troisièmement : L’activité phy­sique au grand air est le pre­mier gage d’un par­fait équi­libre acido-basique de l’organisme. Je ne pense pas que ce soit direc­te­ment l’alimentation occi­den­tale riche en pro­téines ani­males et en pro­duits lai­tiers, comme le pré­cise l’étude ici dési­gnée, qui pose pro­blème (pour l’équilibre acido-basique), mais le mode de vie occi­den­tal séden­taire et confiné.

Quatrièmement : lais­ser croire que les pro­téines ani­males aug­mentent le risque de dia­bète va inci­ter de nom­breuses per­sonnes à les res­treindre for­te­ment, voire à les sup­pri­mer tota­le­ment, et les pous­ser à se repor­ter vers d’autres ali­ments, sur­tout les sucres (pain, pâtes, pommes-de-terre, farines, gâteaux, bis­cuits, sucre et confi­se­ries), car soyons réa­listes, les per­sonnes qui estiment devoir réduire leur consom­ma­tion de viandes et de pro­duits lai­tiers, ne vont pas se tour­ner uni­que­ment vers les carottes, les choux et les bro­co­lis pour satis­faire leur faim. Sachez que si les légumes sont effec­ti­ve­ment alca­lins, les céréales sont aci­di­fiantes (bien que végé­tales !). Je ne pense vrai­ment pas qu’une consom­ma­tion accrue de sucres soit le meilleur moyen d’endiguer le fléau gran­dis­sant du diabète !

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Cinquièmement : tirer à bou­lets rouges sur les pro­duits ani­maux et pro­mou­voir de façon pro­pa­gan­diste les pro­duits végé­taux (ce qui n’est pas le cas ici, mais qui reste un fait que l’on constate depuis quelques décen­nies), n’est pas l’acte de san­té publique le plus intel­li­gent qui soit. C’est oublier un peu faci­le­ment que les pro­duits ani­maux sont sources de nutri­ments abso­lu­ment indis­pen­sables à l’organisme, hau­te­ment assi­mi­lables et pré­sents en grande quan­ti­té, comme des pro­téines par­fai­te­ment équi­li­brées, du fer, des vita­mines A et D, de la vita­mine B12, du coen­zyme Q10, des graisses saines et stables…, sans oublier le plai­sir gus­ta­tif et l’équilibre émotionnel.
Se pri­ver des bien­faits appor­tés par les pro­duits ani­maux, c’est s’appauvrir en élé­ments extrê­me­ment nour­ris­sants, et c’est prendre le risque de voir appa­raître des com­pul­sions ali­men­taires irré­pres­sibles visant à réduire des carences cer­taines, orien­tant ain­si de très nom­breuses per­sonnes vers des troubles du com­por­te­ment ali­men­taire, ain­si que vers une aug­men­ta­tion réelle du risque de syn­drome méta­bo­lique (dia­bète y com­pris!), en rai­son d’une consom­ma­tion impor­tante d’aliments sucrés.

Sixièmement : les pro­téines ani­males (viande, fro­mage, pois­son, œuf) pro­curent une satié­té par­faite et pérenne, elles sont le gage d’une régu­la­tion des sen­sa­tions de faim, et sont à ce titre une pro­tec­tion contre le gri­gno­tage sucré.

Still-life cheese platter with  nuts and  grapes

Il est évident, comme le sou­ligne l’é­tude, que les fruits et les légumes sont bons pour la san­té, et que leurs élé­ments alca­lins aident à « tam­pon­ner » les élé­ments acides des viandes et des fro­mages, sur­tout avec un mode de vie occi­den­tal où nous ne bou­geons pas assez, où nous ne res­pi­rons pas assez, et où notre sys­tème diges­tif se trouve sou­vent per­tur­bé par des fac­teurs envi­ron­ne­men­taux comme l’excès de stress, des médi­ca­ments lar­ge­ment consom­més, et des ali­ments indus­triels déna­tu­rés, appau­vris et toxiques.

Note per­son­nelle : je pré­cise que les eaux riches en bicar­bo­nates (gazeuses) sont éga­le­ment utiles pour lut­ter contre l’acidose, et que la consom­ma­tion des fruits est pré­fé­rable en dehors des repas afin d’éviter les fer­men­ta­tions acides, par­ti­cu­liè­re­ment pour les per­sonnes sensibles.

Cette étude a éga­le­ment obser­vé que l’augmentation du risque de déve­lop­per un dia­bète de type II cor­ré­lé à une ali­men­ta­tion riche en pro­duits ani­maux était sur­tout consta­té chez les femmes minces, les femmes en sur­poids étant net­te­ment moins concernées ( !).

Si je com­prends bien, après 14 ans d ‘étude et des mil­liers de don­nées ali­men­taires trai­tées par des équipes scien­ti­fiques, qui je crois ne tra­vaillent pas gra­tui­te­ment, nous arri­vons à la consta­ta­tion sui­vante : les viandes et les fro­mages donnent le dia­bète, les per­sonnes minces sont à risque, et les per­sonnes en sur­poids sont épar­gnées. Etrange, car tous les dia­bé­to­logues vous le diront : le sur­poids et l’obésité repré­sentent le pre­mier fac­teur de risque du dia­bète de type II, ain­si que le gri­gno­tage. Au fait, le sucre c’est végé­tal ou animal ?

Il est impor­tant de rai­son­ner intel­li­gem­ment, de faire atten­tion à ce genre d’étude, et de ne pas prendre pour argent comp­tant ce que vous pou­vez lire dans les médias. Car, à coup sûr, vous ne pour­rez bien­tôt plus vous nour­rir que d’amour, l’eau fraîche étant contaminée !

A lire ega­le­ment : « L’équilibre acido-basique » de Christopher Vasey.

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