Cinq couleurs pour bien manger ?

Source : youtube.com

Article : Simplifions L'étiquetage

Date de parution : 13.06.2014

Niveau de difficulté : Facile

Dans une socié­té qui tente d’en­di­guer une vague pla­né­taire de sur­poids et d’o­bé­si­té, les pro­po­si­tions fusent de toutes parts. Le code cou­leur n’est pour moi qu’une fausse « bonne idée » de plus, voi­ci pourquoi :

Un tiers de la popu­la­tion mon­diale est en sur­poids ou obèse, le dia­bète explose, et le nombre gran­dis­sant de bébés « sumo » (plus de cinq kilos) inquiète les auto­ri­tés médi­cales. Les gou­ver­ne­ments pro­posent diverses solu­tions, tentent des expé­riences en com­mu­ni­ca­tion, mais rien n’y fait, le fléau ne cesse de pro­gres­ser. En France, le minis­tère de la Santé étu­die la mise en place sys­té­ma­tique d’un code cou­leur sur les embal­lages ali­men­taires afin de mieux infor­mer le consom­ma­teur sur la qua­li­té nutri­tion­nelle des pro­duits, et que dès lors il puisse com­pa­rer faci­le­ment et choi­sir de façon plus judi­cieuse : un rond vert indi­que­ra la bonne valeur nutri­tion­nelle du pro­duit, puis de manière dégres­sive un rond jaune, orange, fuch­sia, et enfin rouge pour les articles les plus « mauvais ».

L’attribution de la cou­leur sera faite en fonc­tion de la den­si­té éner­gé­tique, de la teneur en sucre, de la quan­ti­té de graisses satu­rées, de la teneur en sel, tout cela « pon­dé­ré » par la pré­sence de fibres, de pro­téines, ou encore de fruits et de légumes entrant dans la com­po­si­tion du pro­duit. Bref, on se veut intel­li­gent en met­tant bête­ment quelques élé­ments chif­frés concer­nant un pro­duit dans une machine qui malaxe le tout pour, au final, pondre une pas­tille de cou­leur cen­sée gui­der le consom­ma­teur vers le bon choix, dans l’espoir que cette lumi­neuse idée fera recu­ler le sur­poids, l’obésité et le dia­bète. Mais quelle idio­tie, quelle perte de temps et quel gâchis bud­gé­taire ! Quitte à dépen­ser de l’argent, il serait plus pro­fi­table d’éduquer la popu­la­tion, dès l’école, plu­tôt que de l’infantiliser à ce point. C’est en éle­vant le niveau de connais­sance de l’ensemble de la socié­té que l’on résout un pro­blème, pas en le bais­sant au niveau zéro. Les consom­ma­teurs ne sont pas des arrié­rés men­taux, ils manquent juste de connais­sances. Stigmatiser un pro­duit c’est stig­ma­ti­ser le consom­ma­teur du pro­duit. Stigmatisez une per­sonne obèse, elle gros­si­ra davan­tage, apprenez-lui à man­ger en connais­sance de cause, elle per­dra du poids. Et man­ger en connais­sance de cause dans le but de perdre du poids, ne veut pas dire man­ger « light » et peu calorique !

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Capture d’écran 2014-06-08 à 17.32.14A trop sim­pli­fier, on risque de brouiller le message

Mais le pro­blème est plus grave qu’il n’y paraît, les élites rejettent la faute du sur­poids et de l’obésité sur les indus­triels et leurs cohortes de pro­duits « gros­sis­sants », ce qui n’est pas com­plè­te­ment illé­gi­time, mais éga­le­ment, et là, la légi­ti­mi­té n’est que vacui­té, sur les consom­ma­teurs et leurs mau­vais choix ali­men­taires ; mais à bien y regar­der, la faute revient plei­ne­ment au légis­la­teur, car ce der­nier lance de mau­vais mes­sages basés sur des idées reçues rétro­grades et des inexac­ti­tudes fatales : affir­mer que la forte den­si­té éner­gé­tique (teneur en calo­ries) et les graisses satu­rées font gros­sir est très éloi­gné de la véri­té, et a même direc­te­ment contri­bué à l’explosion du sur­poids, de l’obésité, du dia­bète et des mala­dies car­diaques depuis huit décen­nies. Croire et faire croire que les ali­ments calo­riques et riches en graisses satu­rées font gros­sir et qu’ils sont de piètre qua­li­té nutri­tion­nelle est une énorme erreur qui dure depuis trop longtemps.

Le beurre, la crème fraîche entière et crue, les fro­mages au lait cru, le sain­doux, le lard et les viandes grasses, les œufs, l’huile de coco et l’huile de palme rouge sont d’un for­mi­dable inté­rêt nutri­tion­nel tant pour la ges­tion du poids que pour l’amélioration de la san­té. Ces graisses dites « satu­rées » (par­fois à tort), à forte den­si­té calo­rique, nour­rissent admi­ra­ble­ment bien l’organisme, lui apportent les élé­ments indis­pen­sables à son équi­libre et à son bon fonc­tion­ne­ment pour de nom­breuses rai­sons (que je n’ai pas le temps de détailler ici), amé­liorent la satié­té et dimi­nuent les com­pul­sions ali­men­taires sucrées. J’utilise lar­ge­ment ces ali­ments dans ma méthode ali­men­taire avec suc­cès tant dans la ges­tion du poids (quel que soit l’excès pon­dé­ral) que pour le bien-être géné­ral, des ali­ments très lar­ge­ment consom­més par nos aïeux bien avant que ne sur­viennent les « épi­dé­mies » de sur­poids et de mala­dies vas­cu­laires.Steak Mignon-Gourmet Häppchen,Freisteller in WeissUne mau­vaise note pour la viande « trop grasse » ?

Incriminer les graisses satu­rées, en réduire la consom­ma­tion et leur pré­sence dans la com­po­si­tion des ali­ments, ce qui se fait depuis plu­sieurs décades :

1 – n’a jamais réso­lu un tant soit peu de façon durable les pro­blèmes de poids, ni n’a fait bais­ser la pré­va­lence des mala­dies car­diaque. Non, les graisses satu­rées ne font pas gros­sir et ne bouchent pas les artères !

2 – implique de rem­pla­cer dans les pro­duits indus­triels les graisses satu­rées par des huiles insa­tu­rées (sur­tout poly­in­sa­tu­rées : tour­ne­sol, col­za, soja…) qui sont for­te­ment oxy­dées et donc extrê­me­ment délé­tères. Rien n’est plus dan­ge­reux pour les artères et la san­té que les acides gras oxy­dés ! Je pré­cise que les graisses poly­in­sa­tu­rées (oméga‑6 et oméga‑3), indis­pen­sables à la san­té, se trouvent en quan­ti­tés très suf­fi­santes et dans des pro­por­tions très har­mo­nieuses dans les pro­duits cités plus haut, lorsque les ani­maux sont nour­ris dans l’art de l’élevage tra­di­tion­nel et rai­son­né (en ajou­tant à la liste les pois­sons gras, les fruits de mer et les oléagineux).

3 – incite à l’élaboration de pro­duits « light », qui ne nour­rissent pas, mais par­ti­cipent à une dénu­tri­tion géné­ra­li­sée, au déve­lop­pe­ment de l’insatisfaction ali­men­taire, au gri­gno­tage et autres com­por­te­ments ali­men­taires déviants. Penser que se nour­rir de pro­duits « à rond vert » est bon pour la san­té est une grave erreur. Les pro­duits « light » créent des géné­ra­tions de dépres­sifs et font gros­sir à terme !

Capture d’écran 2014-06-08 à 17.33.44

Brownies : moins de gras, une vraie différence ?

Si je me réfère à la vidéo ci-jointe, inci­ter à consom­mer en apé­ri­tif des tor­tillas (pas­tille jaune) plu­tôt que des chips (pas­tille orange) ou des souf­flés au fro­mage (pas­tille rouge) n’éduque en rien et ne résout rien. Diminuer de 10% la teneur en graisses satu­rées des brow­nies au cho­co­lat n’améliorera en rien la san­té. Les mes­sages envoyés aux consom­ma­teurs s’ajouteront donc à la confu­sion régnante, et le sur­poids, l’obésité et le dia­bète conti­nue­ront à aug­men­ter irrémédiablement.

Il n’y a dans ce pro­jet d’information et de pré­ven­tion, à l’i­ni­tia­tive d’as­so­cia­tions savantes, médi­cales et de consom­ma­teurs, abso­lu­ment rien d’intelligent ni de judi­cieux. Faire des choix en toute trans­pa­rence ? Mais je rêve ! Et je pense que le rêve de nos élites va mal­heu­reu­se­ment vite se trans­for­mer en cauchemar.

Lisez éga­le­ment :

Les huiles végé­tales riches en omega‑6 sont béné­fiques pour la san­té : INTOX

Huiles végé­tales et aug­men­ta­tion des risques car­dio­vas­cu­laires : INFO