Les Français ne consomment pas assez de féculents ? (partie 1)
Source : http://www.20minutes.fr
Article : Les Français ne consomment pas assez de féculents.
Date de parution : 01.06.2013
Niveau de difficulté : Moyen
Personne, je pense, n’a pu passer à côté de cette surprenante information tant elle a été reprise par l’ensemble des médias ces derniers jours, comme dans cet article de 20 minutes.fr.
http://www.20minutes.fr/societe/1161281 – 20130524-francais-consomment-assez-feculents
Jusqu’alors les Français ne consommaient pas assez de fruits et de légumes, puisqu’ils peinent à en cumuler 5 par jour. Aujourd’hui, on nous dit qu’ils ne mangent pas assez de pain, de pâtes, de riz et de pommes de terre. De plus, les Français ne compensent pas avec les produits carnés puisqu’on ne cesse de leur répéter qu’ils sont mauvais pour la santé, et que bouchers et charcutiers constatent une diminution constante des ventes depuis plusieurs années.
Quant aux graisses, elles n’ont jamais été autant décriées que ces dernières décennies, pour le plus grand bonheur des fabricants de produits allégés en tous genres.
Quelqu’un peut-il me dire de quoi se nourrissent les Français ? Et pourquoi le surpoids et l’obésité ne cessent de croître ?
Je pense que tout cela nécessite un décryptage pour essayer d’y voir plus clair.
Les féculents sont fortement présents dans les céréales comme le blé, le riz, l’orge, l’avoine et le sarrasin, et dans les tubercules comme la pomme de terre.
Les féculents sont riches en amidon, un sucre dit « complexe » qui, une fois digéré et dégradé à l’état de glucose, est assimilé par l’organisme. Le glucose est alors brûlé par nos cellules pour fournir de l’énergie, et s’il est présent en trop grande quantité par rapport aux besoins énergétiques immédiats, il est retiré de la circulation sanguine pour être stocké sous forme de glycogène (sucre de réserve) et de graisse (directement transformé et conservé au sein de nos cellules graisseuses).
C’est un fait, les féculents, sucres à l’origine, peuvent être transformés et stockés sous forme de graisses. Ce qui veut dire clairement que l’épaississement du tour de taille, l’apparition de bourrelets « disgracieux » et l’augmentation du poids ne sont pas forcément dus aux graisses alimentaires consommées, mais peuvent résulter de la création de graisse par l’organisme à partir des sucres consommés, dont l’amidon.
Il est intéressant de savoir dans quelles conditions :
Premièrement : lorsque le bagage génétique d’un individu prédispose son organisme à une grande réactivité face aux sucres (dont l’amidon, j’insiste !). C’est le cas des personnes qui grossissent facilement. Cette hyperréactivité est très sous-estimée par une grande partie de la communauté médicale.
Ces personnes ont souvent une flore intestinale particulière qui transforme davantage d’amidon, et plus rapidement que les personnes minces, en glucose.
Dès lors, les quantités de glucose déversées dans le flux sanguin vont entraîner l’hyperréactivité naturelle de l’organisme et seront immédiatement orientées vers les cellules adipeuses où elles seront transformées en graisse et stockées, avant même qu’elles puissent être utilisées comme sources d’énergie (ou faiblement).
Dans cette situation que je qualifie de « détournement d’énergie », les envies compulsives compensatrices se multiplient et le grignotage devient difficilement contrôlable. L’ingestion régulière de sucres bascule irrémédiablement l’organisme de ces personnes, de manière presque permanente, vers un mode « stockage ». A partir de ce moment, tout déstockage des graisses de réserve leur est impossible, même lors d’activités physiques régulières (parole de préparateur physique !). La prise de poids devient pour certains ingérable, et les complications de santé telles que l’intolérance au glucose et autres maladies liées au surpoids apparaissent avec le temps.
Deuxièmement : en fonction des amidons consommés.
Il existe deux sortes d’amidons :
- L’un est très digestible et très rapidement assimilable par l’organisme. Il conviendra aux personnes concernées par le paragraphe précédent d’en surveiller la consommation. Nous l’appellerons « sucre rapide ».
- L’autre est moins digestible et moins rapidement assimilé par l’organisme. Il est préférable de le privilégier. Nous l’appellerons « sucre lent ».
Dans la nature, chaque féculent possède les deux sortes d’amidon. C’est la proportion entre ces deux amidons qui va induire une réactivité plus ou moins forte de l’organisme face au glucose qui en sera issu après digestion, puis versé dans la circulation sanguine. Il est donc préférable pour les personnes qui « stockent » facilement de choisir des féculents plus largement dotés de sucre lent.
Quelques précisions pratiques :
- L’amidon du blé est constitué à 75% de sucre rapide, celui du riz à 94%, celui de la pomme de terre à 80%, et celui du maïs modifié et utilisé par l’industrie alimentaire comme additif dans de très nombreux plats préparés, à 100% !
- A l’inverse, les légumineuses comme les lentilles, les pois et les haricots secs, sont plus favorables à une digestion et une assimilation étalée dans le temps grâce à leur teneur en sucre lent. Elles sont également très riches en fibres, ce qui limite le processus d’extraction et de digestion de l’amidon.
Troisièmement : en fonction de la préparation des féculents.
Plus le féculent est cuit, préparé, écrasé ou malaxé, plus il devient digeste et plus il transforme les plus sensibles en machine à fabriquer et à stocker de la graisse.
Quelques exemples :
- L’amidon de la purée industrielle en flocons devient un sucre très rapidement assimilé par tous les organismes, mais provoquera des réactions métaboliques réflexes puissantes de stockage chez les personnes génétiquement concernées.La pomme de terre étant un aliment intéressant au plan nutritionnel, il n’est pas question de l’exclure de l’alimentation, il suffit de la consommer en quantité modérée et de surveiller sa cuisson afin qu’elle ne devienne pas trop molle.Un petit truc pour vos salades composées : l’amidon de la pomme de terre refroidie devient plus résistant, ce qui la rend moins « grossissante ».
- Les pâtes sèches (ex : les spaghettis) dont l’amidon est durci par un procédé de « pastification », doivent être consommées al dente, car une cuisson « à la française », c’est à dire non contrôlée et excessive, transformera à nouveau l’amidon en sucre rapide. Il est préférable de les accompagner de légumes et d’être raisonnable sur les quantités ingérées.
- Le pain est le féculent le plus consommé par les Français, culture oblige. Il est à l’origine un formidable aliment riche en fibres et en minéraux, et tellement pratique. Au Moyen âge, une épaisse tranche de pain bis servait d’assiette sur laquelle on posait la viande et versait jus et graisses.
Mais le pain d’antan n’est plus, et le blé d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec le blé ancien, ni même avec celui du début du XXème siècle, ou encore avec le blé d’il y a 50 ans. Il a subi d’innombrables transformations, hybridations, croisements, et mutations, afin d’en faciliter la culture, d’en accroître le rendement, de faciliter sa transformation en farine, et d’en augmenter ses qualités de panification. Le résultat étant un blé bourré de sucre rapide qui, transformé en pain provoque des réactions métaboliques violentes après digestion, chez les personnes prédisposées au surpoids. La baguette à la mie ultra blanche est un féculent à éviter. Le pain d’aujourd’hui, même avec une farine complète « branche » les plus sensibles en « mode stockage ». Il faut le savoir et le consommer en connaissance de cause.
Un petit truc : la graisse diminue (quelque peu) la rapidité avec laquelle l’amidon sera assimilé. Sachant cela, il est préférable de consommer deux tranches de pain complet, au levain, couvertes d’une bonne couche de beurre, que d’en consommer trois, d’un pain blanc, sans beurre, pensant faire « régime maigre ».
- Les plats préparés sont toujours trop cuits (sauf rares exceptions, peut-être), et les féculents de type pâtes, riz et pommes de terre qui les composent orientent les organismes en mode stockage.
- Le riz basmati est riche en sucre lent, préférez-le aux autres.
A suivre : Les Français ne consomment pas assez de féculents ? (partie 2)