Les Français ne consomment pas assez de féculents ? (partie 2)

Source : http://www.20minutes.fr

Article : Les Français ne consomment pas assez de féculents.

Date de parution : 01.06.2013

Niveau de difficulté : Moyen

Mes petites leçons, pour mieux com­prendre le décryp­tage : méta­bo­lismecomplet-raffinésucres rapides-sucres lentstis­su adi­peux.

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Alors, les Français consomment-ils trop peu de féculents ?

S’il s’agit des légu­mi­neuses, cer­tai­ne­ment, et je vous invite à pré­pa­rer plus sou­vent des plats à base de len­tilles et hari­cots secs en tous genres.

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Quant au leit­mo­tiv des nutri­tion­nistes qui suivent à la lettre le Programme National Nutrition Santé : « consom­mez des fécu­lents à chaque repas », je le trouve inadap­té et dan­ge­reux tant que tous les fécu­lents seront mis dans le même sac.
Je trouve ce conseil très mau­vais et pré­cur­seur de sur­poids et d’obé­si­té. Combien de per­sonnes au régime se jettent sur les bis­cuits dié­té­tiques consti­tués de farines qui sont en fait des sucres rapides ?

Je pré­cise aux adeptes de l’Indice Glycémique des ali­ments, qui clas­si­fie les sucres (l’ensemble des glu­cides) en fonc­tion de leur rapi­di­té d’assimilation, qu’il s’agit d’indices moyens qui donnent une idée glo­bale, mais que ces indices ne repré­sentent aucune réa­li­té concrète indi­vi­duelle. J’insiste sur le fait que les per­sonnes géné­ti­que­ment pré­dis­po­sées à la prise de poids ont une sen­si­bi­li­té très au-delà des indices moyens don­nés. Restez à l’écoute de vos sen­sa­tions et de vos obser­va­tions per­son­nelles, car per­sonne ne vous connaît mieux que vous. Ne ban­nis­sez pas les ali­ments à Indice Glycémique éle­vé, mais gar­dez conscience des quan­ti­tés ingé­rées, et évi­tez le cumul avec d’autres ali­ments à IG éle­vé durant la même jour­née comme le pain, les pâtes, la purée, les frites, les sodas…

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Il est tout à fait pos­sible de s’alimenter et d’apporter tout ce dont l’organisme a besoin sans consom­mer de fécu­lents à chaque repas. Bien des cher­cheurs l’ont démon­tré. Affirmer le contraire est un mensonge.

Pour qu’un orga­nisme quitte le « mode sto­ckage » pour se bran­cher en « mode désto­ckage », il a besoin d’un laps de temps consé­quent sans inges­tion de sucres rapides. C’est uni­que­ment à par­tir de ce moment qu’il pour­ra désto­cker les graisses de réserve. Des repas goû­teux, riches en bonnes graisses ali­men­taires, équi­li­brés, sans fécu­lents « rapides », peuvent appor­ter une satié­té plus impor­tante qu’avec les­dits fécu­lents, et sont alors une excel­lente solu­tion pour perdre un poids excé­den­taire. Affirmer que les fécu­lents apportent une longue satié­té est faux. Une réplé­tion momen­ta­née cer­tai­ne­ment. Combien de per­sonnes ont faim deux heures à peine après s’être gavées de ham­bur­gers, frites et soda ?

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Lorsque qu’Emmanuelle Kesse Guyot du Centre de recherche en nutri­tion humaine Ile-de-France, nous dit : « Attention, il ne faut pas confondre les fécu­lents et ce qui les accom­pagne », et que « Manger des fécu­lents à chaque repas ne signi­fie pas man­ger sys­té­ma­ti­que­ment des pâtes noyées sous le gruyère râpé ou des salades de pommes de terre arro­sées d’huile…», elle pro­page une grave et consé­quente contre véri­té.
Manger plus de fécu­lents pour man­ger moins de graisses est jus­te­ment l’inverse de ce qu’il faut faire si l’on veut régu­ler son poids de façon pérenne. Les matières grasses comme l’huile et celle du gruyère râpé sont la garan­tie d’un ralen­tis­se­ment de la diges­tion et par consé­quent d’un éta­lage dans le temps de l’assimilation de l’amidon, ce qui réduit l’effet « sto­ckage intense ». A condi­tion que la por­tion d’amidon reste raisonnable.

Je le répète, les matières grasses sont le gage d’une satié­té pro­lon­gée et par consé­quent d’un retar­de­ment de la sur­ve­nue de la sen­sa­tion de faim sui­vante. Ainsi, l’évitement du gri­gno­tage est pos­sible, ce qui assure le temps néces­saire entre deux repas pour quit­ter le « mode sto­ckage » et retrou­ver l’indispensable « mode déstockage ».

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Les graisses ali­men­taires apportent des élé­ments vitaux qui manquent aux Français qui les évitent. Un repas éla­bo­ré avec des bonnes graisses natu­relles, des pro­téines issues de viandes, d’œufs, de pois­sons ou de fro­mage (au lait cru), accom­pa­gné de légumes riches en fibres, per­met d’être ras­sa­sié en consom­mant des quan­ti­tés moindres de fécu­lents, là est l’intérêt. Manger des pâtes et des pommes de terre sans ou avec trop peu de matière grasse, n’a abso­lu­ment aucun inté­rêt sur le plan gas­tro­no­mique, consti­tue une héré­sie sur le plan nutri­tion­nel, et repré­sente le meilleur moyen de consom­mer trop de « sucres rapides » qui orientent les orga­nismes vers des méca­nismes réflexes et com­plexes de prises de poids dif­fi­ci­le­ment contrôlables.

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Bien des faims com­pul­sives et des envies d’aliments gras et sucrés, pro­viennent d’un manque de vita­mines A, D, E ou K, inhé­rent à une consom­ma­tion trop faible en graisses ali­men­taires natu­relles que l’organisme réclame déses­pé­ré­ment. Ce n’est pas en consom­mant plus de fécu­lents et moins de graisses que ces besoins seront contentés !

Les per­sonnes en sur­poids et obèses, ayant sui­vi un ou plu­sieurs régimes amai­gris­sants, peuvent conti­nuer à prendre du poids en consom­mant peu de fécu­lents « rapides » comme le pain ou les pommes de terre, au vu de leur extrême réac­ti­vi­té phy­sio­lo­gique et de leur méta­bo­lisme per­tur­bé par les régimes. Que l’on nous explique que, res­pec­ti­ve­ment 67 et 61% des femmes et des hommes en sur­poids consomment trop peu de fécu­lents ne veut abso­lu­ment pas dire qu’ils per­draient du poids en consom­mant davan­tage de fécu­lents. L’interprétation qui est faite de l’étude (NutriNet-Santé) menant à la conclu­sion que les Français ne mangent pas assez de fécu­lents est gra­vis­sime et va orien­ter des per­sonnes désta­bi­li­sées par des allé­ga­tions nutri­tion­nelles déjà équi­voques et sou­vent contra­dic­toires vers encore plus de confusion.

Les auto­ri­tés sani­taires semblent dépas­sées par le phé­no­mène du sur­poids et de l’obésité et ne cessent de ten­ter des cam­pagnes d’information qui se révèlent toutes plus inef­fi­caces les unes que les autres. A cou­rir dans toutes les direc­tions, aucun cap n’est tenu, aucune solu­tion concrète n’est pro­po­sée. Nul besoin d’être devin pour pré­dire que le fléau a encore de beaux jours devant lui. Les concep­teurs de régimes amai­gris­sants et les fabri­cants de pro­duits allé­gés peuvent se frot­ter les mains !